Estimant à 700 0001 le nombre de personnes à la rue ou en hébergement d’urgence en Europe, la fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abris, a tiré la sonnette d’alarme afin d’alerter les États, notamment européens, sur cette situation qui ne fait qu’empirer au fil des années.
Les différentes observations des associations ont conduit les États européens à se mobiliser via une résolution du 24 novembre 20202 ayant pour but de mettre fin au sans-abrisme d’ici 2030.
Ce chiffre inclut toutes les personnes sans-abris sans distinction de genre néanmoins, en cette semaine de lutte pour les droits des femmes, nous souhaiterions nous pencher sur la question des femmes à la rue. Trop souvent oubliées des statistiques et encore plus en marge car vulnérables. En effet, le site de l’Aide Sociale3 explique : « puisque ces personnes de la rue sont “indécelables” au titre des statistiques, il apparaît rapidement qu’elles ne sont pas dénombrables. Tous les chiffres qui sont avancés sont donc approximatifs ». En 2012, selon l’INSEE, 40% des SDF étaient des femmes. Elles seraient 7 000 à vivre dans la rue rien qu’à Paris.
C’est pourquoi certaines associations utilisent le terme d’ « invisibles ».
Vulnérables. C’est également comme ça qu’on présente le quotidien des femmes à la rue. En effet, souvent les femmes sans-abris se cachent en raison des violences qu’elles sont susceptibles de subir en étant à la rue. « Les femmes sans-abri n’appréhendent pas l’espace public de la même manière que les hommes, à cause des violences qu’elles peuvent y subir. Elles se réfugient dans des endroits où elles se pensent cachées, comme les parkings », explique Françoise Khenfer, responsable du centre d’accueil et d’hébergement pour femmes sans-abri de l’Hôtel de Ville de Paris, géré par le Samu Social de Paris.
Elles se cachent, font tout pour ne pas attirer le regard sur elles pour ne subir de violences sexuelles. Les lieux en mixité deviennent ainsi dangereux pour elles, elles ne sont pas rassurées. C’est pourquoi Françoise Khenfer parle de la nécessité d’avoir des lieux en non-mixité. Or, à Paris, seulement deux lieux correspondent à ces critères, avec une capacité confondue de moins de 100 places, pour une population de femmes sans-abri qui serait estimée à près de 7000.
Invisibles. C’est aussi le nom du film, sorti en 2018, du réalisateur Jean-Louis Petit qui a décidé de justement redonner de la visibilité à ces femmes, de montrer que la honte doit changer de camp. En effet, certaines actrices du film ont été elles-mêmes à la rue par le passé.
Film qui a lui-même été inspiré par le livre « Sur la route des invisibles » où l’autrice écrit notamment que « la terreur est la norme quand on est une femme dans la rue ».
Carla Angius
Responsable du Pôle Maraude de l’ADHS
1En fin décembre 2020, Vie publique : https://www.vie-publique.fr/en-bref/277480-parlement-europeen-reduire-le-nombre-de-sans-abris-dici-2030
2Résolution du Parlement européen du 24 novembre 2020 sur la réduction du taux de sans-abrisme dans l’UE (2020/2802 (RSP)) : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52020IP0314&from=BG
3Aide Sociale : https://www.aide-sociale.fr/approche-sociologique-et-statistique-des-personnes-sdf/