« Tolérance zéro pour le travail des enfants, le travail forcé et la traite des êtres humains », un événement organisé dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Retrouvez ci dessous notre prise de parole.
Bonjour à toutes et tous,
Je suis Annaëlle Lancelot et je représente l’Association des Droits Humains de la Sorbonne, aussi appelée l’ADHS.
Tout d’abord nous souhaiterions vous remercier pour cette opportunité qui nous est offerte de participer à vos côtés à ce “high level virtual meeting”.
L’ADHS est une association créée en 2014 qui a pour but de sensibiliser le monde universitaire mais aussi extra universitaire aux droits humains. Nous sommes composés de 7 pôles, concentrés autour de différents sujets. Nous agissons par des actions concrètes, de terrain qui sont complétées par des campagnes de sensibilisation.
Les informations ont été abondantes ces deux derniers jours. Plusieurs interventions ont permis de réaliser l’ampleur de la problématique mais aussi l’ampleur des moyens déployés pour y remédier.
Comme cela a été mentionné par notre camarade étudiante en journalisme Eden, nous aimerions renouveler l’importance d’associer les consommateurs au projet de responsabilisation des acteurs, alors qu’ils pourraient en être un levier, au niveau de la mise en exécution des solutions.
Le rôle des consommateurs est selon nous primordial pour réussir à lutter contre le travail des enfants et le travail forcé. Pour illustrer cette idée, le boycott des consommateurs au niveau national, et parfois même mondial, a souvent été source d’importants changements. Récemment, grâce à l’impulsion de diverses personnalités publiques, un grand nombre de personnes dont beaucoup de jeunes, ont par le biais notamment des réseaux sociaux pris conscience de ce que l’assemblée nationale française a qualifié de “génocide ouïgour”. De nombreux boycott ont été fait par les consommateurs, forçant certaines marques à se diriger vers une main d’œuvre plus responsable et respectueuse.
Pourquoi donc ne pas voir au-delà des injonctions juridiques et prendre en compte le poids des consommateurs?
Faire usage de la puissance des consommateurs passe par l’éducation, la sensibilisation et la médiatisation de ces questions, de manière accessible et pédagogique. Il faudrait donc démocratiser cet accès à l’information pour une meilleure responsabilité des consommateurs.
Nous avons pensé, à titre d’exemple, à reprendre le concept du nutri-score existant en France, (pour nos homologues internationaux, il s’agit d’un indicateur de qualité nutritionnelle apposé sur les produits alimentaires) en le repensant autour de la problématique du travail plus ou moins responsable et éthique. Il s’agirait de certifier les entreprises selon leur degré d’engagement, afin d’encourager la transparence, de conscientiser notre consommation et garantir la possibilité d’un choix éclairé. En effet on constate une prolifération d’initiatives avec des indices de classement et de garanties parfois autodéclarées, emportant par là un manque d’uniformité et de clarté des engagements des entreprises. C’est notamment ce sur quoi se penche un groupe de travail de la Plateforme RSE sous l’angle des conditions de fabrication des produits. Cependant, il demeure compliqué de déterminer des critères précis. Pour ce faire, nous pensons qu’il faudrait mettre l’accent sur les travaux de recherche, de détection et d’identification des failles sur toute la chaîne d’approvisionnement, et donc sur la coopération des pays et acteurs concernés.
Nous pensons également que l’accueil des étrangers en situation migratoire fait partie des causes profondes du travail forcé et du travail des enfants. Le droit au travail doit être garanti dans le pays de destination, celui-ci étant une base fondamentale sur laquelle viennent se greffer les composantes d’une vie digne. Plus généralement, l’octroi de droits égaux à ceux des nationaux est nécessaire (droit à la formation professionnelle par exemple). Il convient ainsi de mettre en œuvre des moyens juridiques, politiques et économiques afin de faciliter leur insertion dans la société, passant par le meilleur accueil possible.
Par ailleurs, il nous paraît pertinent de renforcer la réinsertion des survivants dans la société, leur offrir un accompagnement social, psychologique et professionnel pour pouvoir prévenir mais aussi permettre une guérison des formes d’exploitation. Dans cette perspective, une sensibilisation et une formation des personnes et des institutions amenées à être en contact avec les survivants nous semble primordiale afin de leur réserver le meilleur accueil et la meilleure écoute possible. La mise en place de mécanismes permettant de faciliter leur prise de parole est essentielle et doit se faire en coopération avec celles-ci. En effet, elles doivent être associées aux recherches et discussions et leurs opinions doivent être prises en compte dans le choix des mesures.
“Tolérance 0”, voilà un grand et bel objectif qui doit être mené à bien par l’adoption de mesures réellement dissuasives sur les plans national, européen et international, mesures que nous espérons à la hauteur des enjeux fondamentaux dont nous sommes tous ici bien conscients, ayant une responsabilité partagée, et qui cristallisent notre engagement.
L’ADHS vous remercie pour votre attention.
Annaëlle Lancelot
