La semaine internationale des droits des femmes
14 mars 2020
De 1950 à nos jours, la place de la femme de la société a connu un changement radical. En effet, que cela soit par les acquis politiques, individuels et sociaux, économiques ou même au niveau de la sexualité une évolution sans précédent s’est faite connaître.
Toutefois, s’il est énoncé dans le préambule de la Constitution française de 1946 le principe selon lequel « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ce de l’homme », peut-on affirmer qu’en France en 2020, il est réellement respecté ?
Le XXème siècle s’est avéré fondateur dans l’émancipation économique des femmes. Dès 1900, les femmes obtiennent le droit de plaider comme des avocates. En 1908, a lieu la première action des suffragettes lors des élections municipales. Par la suite, en 1920 les femmes, mariées, peuvent adhérer à un syndicat sans l’autorisation de leur mari. Elles entrent alors dans le monde syndical et dans le combat pour la défense de leurs droits salariaux.
Néanmoins, il faudra attendre 1938 pour que soit supprimée l’incapacité juridique des femmes, 1944 pour qu’elles obtiennent le droit de vote et 1947 pour qu’une femme, Germaine Poinso Chapuis, devienne ministre de plein exercice.
En 1965, la réforme des régimes matrimoniaux a quant à elle permis aux femmes françaises d’être autonomes. Dès lors, les femmes ont pu librement exercer une profession et disposer de leurs biens personnels.
Ainsi, force est de constater une égalité de droit entre hommes et femmes. En effet, en 2006 une loi sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes a été mis en vigueur. L’article 1er de la Constitution a quant à lui été complété par un alinéa selon lequel « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes au mandants électoraux et fonctions électives ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. ». Dans la continuité de cette révision, est introduite en 2014 une loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, visant à combattre les inégalités dans les sphères privée, professionnelle et publique.
Toutefois, le constat semble bien différent dans la pratique où une égalité économique est loin d’être présente. Selon l’INSEE, dans un rapport de 2019, les femmes touchent 18,5% de moins que les hommes. La discrimination pure serait d’environ 10% d’après le ministère du Travail. Ainsi, en 2015 il a été constaté que le salaire mensuel net des hommes (en équivalent temps plein) est de 2438 euros, contre 1986 euros pour les femmes. L’écart est d’environ 453 euros, correspondant au fait que pour un même emploi, une femme gagne juste 81,5% du salaire d’un homme.
L’observatoire des inégalités, organisme indépendant d’intérêt général, a utilisé des chiffres d’une étude publiée par le ministère du Travail sur les inégalités de salaire entre femmes et hommes pour arriver à plusieurs constatations :
– Les femmes gagnent au total 25,7% de moins que les hommes, tous temps de travail confondus.
– Les femmes gagnent 16,3 % de moins que les hommes avec un travail temps complet
– Les femmes gagnent 12,8 % de moins que les hommes avec un temps de travail et un métier équivalent à un homme.
L’écart de salaire serait d’autant plus important dans les professions de cadres supérieurs que chez les ouvriers.
Face à ces inégalités, des mouvements émergent tous les pays du monde pour lutter et protester contre les inégalités salariales. Par exemple, Le « Women’s day Off » désigne le jour dans l’année à partir duquel les femmes, estimant ne plus être payées par rapport à leurs homologues masculins, arrêtent de travailler. Ce mouvement s’est propagé dans le monde entier, de l’Australie au Canada.
Au niveau mondial, il est estimé que le taux global de participation au marché du travail chez les femmes est actuellement proche de 49% tandis que celui des hommes est autour de 75%. Les femmes voulant travailler ont en moyenne plus de mal que les hommes à trouver un emploi, ce constat étant d’autant plus vrai en Afrique. Il est constaté par l’Organisation Internationale du Travail que les femmes sont surexposées dans certaines formes d’emplois vulnérables tandis que les hommes travaillent plus fréquemment à leur compte. Ce rapport justifie cette pénalisation face à l’emploi par le fait que les femmes apporteraient une aide dans l’entreprise familiale ou le ménage.
Ainsi sur le continent Africain, le Forum pour le Partenariat avec l’Afrique Unité de Soutien a rappelé quelques faits importants quant à l’inégalité des sexes et l’émancipation économique des femmes. Moins d’1% des terres du continent appartiendraient aux femmes africaines. De plus, la moyenne d’une journée de travail d’une femme est de 59% plus longue que celle d’un homme. De même, ce Forum affirme que les femmes exercent le poids des activités qui ne sont pas rémunérées, du fait des problèmes d’accès à l’eau et aux ressources énergétiques.
Il semble donc nécessaire que ces égalités se réduisent, que cela soit des inégalités de salaires en France ou sur le continent africain…
Cet écart entre les hommes et les femmes est d’autant plus préjudiciable que selon l’OIT, « la liberté de travailler, par choix, dans la dignité, la sécurité et l’équité fait partie intégrante du bien être humain. Garantir que les femmes jouissent de ce droit est, en soi, une fin de première importance ». Celle-ci estime que réduire l’écart du taux d’activité entre les hommes et les femmes peut sérieusement stimuler le PIB mondial. Il y aurait donc un lien de causalité entre l’activité économique des femmes et la croissance économique.
Attention aux idées reçues ! Non, une femme n’est pas faite « pour être en tablier dans la cuisine » « s’occuper des enfants » « être belle et se taire » ou encore « avoir un emploi rémunéré » « avoir une grande carrière professionnelle ». En effet, d’après un sondage réalisé par l’OIT, pas moins de 70% des femmes dans le monde préfèreraient avoir un emploi rémunéré.
— Portrait #4 de notre sélection : Jeanne Chauvin —

Fille de notaire, orpheline à 16 ans, il s’agit de la deuxième femme de France à obtenir une licence de droit en 1890. Jeanne Chauvin devient même la première Française à soutenir son doctorat en Droit en 1924, qu’elle consacre à l’Étude historique des professions accessibles aux femmes au sein duquel elle dénonce l’influence catholique quant à l’introduction et la consolidation de l’inégalité juridique entre hommes et femmes. Elle y revendique pour la femme l’égalité tant dans son éducation que dans l’accession à toutes les professions, aussi bien privées que publiques.
A la suite de son doctorat, elle est chargée de dispenser des cours dans plusieurs lycées pour jeunes filles mais n’oublie jamais son combat féministe en poursuivant son militantisme en faveur de l’égalité économique entre hommes et femmes.
Féministement,
Morgane Fanchette et Paul Blutteau, membres de l’ADHS