WILL BIDEN MAKE AMERICA GREAT AGAIN ? OU L’IMPACT DE L’ÉLECTION DE JOE BIDEN SUR LES DROITS HUMAINS
21 novembre 2020
Biden souhaite redorer l’American Leadership dans le monde, concrètement via le Soft Power et le Hard Power, ce qui pourrait en somme se manifester par ce qui a été fait les siècles précédents dans le même objectif : Plan Marshall, panaméricanisation du continent, participation en tant qu’allié dans des guerres, etc. L’UE attend de Biden qu’il recrée les liens de l’avant-Trump et son isolationnisme. Cette réconciliation avec le Vieux Continent est évidente, malgré cela il ne faudrait pas être trop optimiste et voir dans ce changement politique radical un changement radical de politique étrangère.
“America First”: gardons en tête cette expression qui donne la priorité à l’Amérique, et bien sûr par l’Amérique, il ne s’agit que des Etats-Unis. Mais le fonctionnement du pays sur ce point est clivant : isolationnisme ou interventionnisme ? Les avis divergent mais même en cas d’intervention, l’Histoire nous a montré que la stabilité économique et idéologique du pays passait parfois avant les droits humains. Il est donc légitime, si ce n’est évident, de prévoir que le Gouvernement fasse passer ses intérêts avant ceux d’autres pays. Mais alors à quoi s’attendre avec Biden concernant la défense des droits de l’Homme à l’étranger ?
Un retour au sein des accords multilatéraux
Vivement critiquées par Trump, les principales organisations internationales telles que l’ONU, l’OTAN, l’OMS ou l’Union Européenne, décrédibilisées par le Président ont perdu le soutien américain jusqu’alors déterminant pour leur influence.
Fin de 4 ans de climatoscepticisme : un retour à la dure réalité environnementale attend les Américains qui avaient été convaincus par leur Président de l’abus des Européens à ce sujet. S’appuyant sur la science et les faits plutôt que sur des théories complotistes, Biden s’est engagé fermement à réintégrer l’Accord de Paris sur le Climat. Cette promesse fait également partie des premières mesures qu’il a déclaré prendre dès son entrée à la Maison Blanche.
Une volonté de rétablir les valeurs d’une terre historique d’immigration
Concernant l’immigration, l’actuel Président a fait le choix d’appliquer une tolérance zéro pour les réfugiés et immigrés, en particulier envers ceux en provenance du Mexique. Le populaire slogan “Build that wall !”, scandé par les trumpistes a d’ailleurs rythmé sa campagne de 2016 et a pris aujourd’hui la signification de cet esprit anti-immigration très virulent.
Biden a quant à lui basé sa campagne sur une meilleure prise en compte des immigrants illégaux, en réaction à des mesures d’une extrême restrictivité et déshumanisantes. Parmi ces mesures on peut citer les arrestations arbitraires et détentions dans des centres de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement : l’agence de police chargée du contrôle de l’immigration illégale), les expulsions violentes massives, l’arrêt des dispositifs tels que le DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals), institué par un décret de Barack Obama en 2012 qui garantissait un droit de rester sur le territoire à des jeunes latinoaméricains scolarisés, diplômés ou engagés dans l’armée (ceux qu’on appelle les Dreamers) .
L’administration Trump avait fini par admettre sa stratégie de dissuasion consistant à séparer les familles arrivées clandestinement sur le territoire américain, pour marquer les esprits et décourager l’immigration illégale.
Quelles sont les intentions de Joe Biden ?
Il a pour projet de restaurer le système d’immigration avec plus de dignité humaine. Travail qu’il avait commencé en étant à la tête de l’administration Obama pendant 8 ans. En effet, à l’époque il avait initié des programmes de réunification familiale (DACA : Deferred Action for Childhood Arrivals, DAPA : Deferred Action for Parents of Americans et Central Americans Minor Program).
En tant que Vice Président, Biden avait contribué à apporter un soutien financier au Triangle du Nord des pays d’Amérique Centrale (zone qui comprend le Salvador, le Guatemala et le Honduras) ayant pour mission de mettre en place des réformes contre la corruption, la violence, la misère et le trafic de drogue, soit les raisons poussant ses habitants à cet exode massif vers le Nord. Il promet aussi l’octroi d’un “statut de protection temporaire” pour les personnes courant un risque immédiat dans leur pays d’origine.
Les hispaniques pourront aussi compter sur le rétablissement du DACA, ainsi qu’un système d’expulsion plus respectueux des droits. Joe Biden souhaite la fin du renvoi systématique des demandeurs d’asile en provenance de l’Amérique Latine vers le Mexique. En ce sens, le futur Président s’est également engagé à ouvrir plus de droits en termes d’inclusion : délivrer plus de cartes vertes, plus de visas pour la main d’oeuvre qualifiée (avec un intérêt particulier pour les visas H-1B pour la main d’oeuvre qui a des compétences recherchées) pour les travailleurs et une meilleure accessibilité à la citoyenneté américaine pour les diplômés d’universités américaines. Cette reconnaissance est donc une marque d’appréciation de leur contribution au développement par leur travail et leur engagement envers les Etats-Unis. Biden les soutient dans la mesure où il reconnaît leur poids dans l’économie mais aussi dans la société en tant que main d’œuvre qualifiée et qu’intellectuels.
Muslim Ban
Vous souvenez-vous du Muslim Ban ? Cette interdiction de séjour d’une grande partie des citoyens de pays à majorité musulmane est mise en place par un décret comme Trump les aime. Pour le 46e Président des Etats-Unis, il sera primordial d’annuler ce décret présidentiel au cours de la période décisive des 100 premiers jours après son investiture le 20 janvier 2021.
Peut-on imaginer une implication contre les violations des droits de l’Homme à l’international ?
Le génocide des Ouïghours
L’administration Trump en a fait plus que celle des Etats Européens en adoptant des sanctions dont récemment contre un policier accusé d’espionnage de membres ouïghours d’après François Godement, spécialiste de la Chine et des relations internationales en Asie de l’Est.
Au vu de ses déclarations, les analystes pensent que Biden reprendra ce flambeau. L’administration Biden devrait sensiblement faire monter la pression en matière de droits humains pour le Xinjiang mais aussi pour Hong Kong.
L’ONU définit le génocide comme un crime commis « dans l’intention de détruire, ou tout, ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux », notamment par des mesures « visant à entraver les naissances au sein du groupe ». |
Pour le futur Président des Etats-Unis, pas question d’avoir peur d’employer ce terme si déterminant quant aux mesures à prendre pour sanctionner ces violations des droits humains. Il s’est engagé à être ferme sur ce sujet et en qualité de Président d’un Etat membre du Conseil de Sécurité, cette reconnaissance devrait se répercuter au sein de la communauté internationale.
Solidarité pour une réhabilitation des pays en développement
Les populations des pays ayant besoin d’assistance humanitaire, économique et financière pour leur développement, ont renoncé au soutien de l’Amérique à cause du mépris qu’ont pu leur montrer les précédentes administrations. L’administration fédérale (entre autres via USAID – l’agence de développement international des Etats, équivalent de l’AFD en France) compte-t-elle apporter un soutien plus marqué aux populations de ces pays ?
Pour répondre à notre question, Lester Munson, un ancien haut fonctionnaire pour USAID, a confié qu’il ne s’attend pas à des actions concrètes de la part de la nouvelle administration.
Inde : Sur son site de campagne, Biden appelle directement à la restauration des droits pour tous dans la région du Cachemire et critique 2 mesures ayant provoqué des manifestations de masse : le registre national des citoyens et la loi d’amendement de la citoyenneté qui discriminent les musulmans en leur limitant l’accès à la nationalité indienne. Tout ceci ayant directement ravivé l’éternel conflit entre hindous et musulmans dans le pays.
Proche et Moyen-Orient
Pour commencer, l’Egypte est le théâtre d’une violation des droits humains flagrante depuis plusieurs années, surtout d’une dégradation de la démocratie. Le Président Trump avait fermé les yeux sur l’acharnement contre les opposants politiques au gouvernement d’Abdul Fattah al- Sissi, se manifestant notamment par des arrestations arbitraires et des emprisonnements. Avec l’arrivée de Biden, les militants pour les droits humains espèrent une condamnation américaine.
L’ONU a qualifié la crise humanitaire au Yémen de pire crise humanitaire au monde. Le gouvernement qui s’installera en 2021 serait susceptible de renouveler l’aide précédemment accordée au Yémen dans l’objectif de mettre un terme à la guerre. De même pour la Palestine, par le biais de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
L’un des arguments en faveur de Trump est qu’il aurait été le premier président des Etats-Unis depuis Ronald Reagan à n’avoir pas déclaré de guerre durant son mandat. Cet argument a tout de même joué en la défaveur du futur président puisque ce dernier suscite l’inquiétude au Proche et Moyen Orient en raison de son précédent poste aux côtés de Barack Obama, qui a engagé et maintenu les Etats-Unis dans plusieurs conflits armés avec à son actif pas moins de sept pays de la région qui ont subi des bombardements américains (Syrie, Irak, Afghanistan, Libye, Yémen, Somalie et Pakistan).
Le duo Biden-Harris s’était qualifié pro-Israel afin d’être élu, avant de revenir sur leurs dires pour ne pas favoriser un camp. Mais d’un côté, Israël avait énormément bénéficié de l’administration Trump : reconnaissance de la souveraineté de l’Etat hébreux sur le plateau du Golan ; proposition d’un plan de paix impliquant l’annexion de 30% de la Cisjordanie ; accords de normalisation entre Israël, les Emirats Arabe unis, Bahreïn ainsi que le Soudan ; et craint ainsi la perte du soutien des Etats-Unis. De l’autre côté, les Palestiniens, se rappelant des efforts de négociation de l’ancien président Obama, voient ces élections comme un signe d’espoir de renouer avec les Etats-Unis.
Pendant sa campagne, Joe Biden a laissé entendre qu’il ne souhaitait pas forcément revenir sur l’héritage de Donald Trump mais au contraire s’appuyer dessus afin de rétablir la paix et des relations internationales stables. Cependant l’avenir des nombreux conflits auxquels les Etats-Unis ont pris part reste très incertain notamment sur la question de l’Iran : il y a la volonté de réintégrer l’accord nucléaire iranien et de rétablir un dialogue entre les différents pays en conflit, cependant les obstacles sont nombreux avant de réussir à apaiser les tensions dans cette région.
Yasmina, membre de l’ADHS